La salle de classe de demain se doit d’être « Numérique »

Coûts des équipements, manque d’infrastructures adéquates, lourdeur administrative, enjeux juridiques, pédagogiques, sociétaux freinent aujourd’hui le développement du numérique dans l’éducation. Les nouvelles technologies dans la salle de classe se développent à petits pas. Malgré ce ralentissement, plusieurs projets voient le jour dans les établissements scolaires et l’enseignement supérieur. Le numérique est un excellent levier pour stimuler la collaboration et faciliter l’accès au savoir. Le passage à l’échelle est en train de s’amorcer. Quelles sont les technologies qui sont en train de dessiner la salle de classe de demain ?

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  • La technologie collaborative en première ligne

Pour que les équipements, comme les tablettes mises à disposition des élèves pour remplacer les livres, soient réellement efficaces. La conception actuelle des salles de classe doit également être modifiée. Une place de choix à la technologie collaboration doit être faite. Avec les bons outils pour faciliter le déroulement des présentations en groupe ou petits groupes, le modèle d’apprentissage collaboratif peut être accessible à tous. De nouveaux systèmes sans fil appliqués à la salle de classe permettent aux élèves de participer activement aux discussions en classe. Toujours sous la direction de l’enseignant, ces passerelles sans fil permettent aux élèves d’interagir plus facilement dans les discussions en classe et de devenir des participants actifs.

Le traditionnel tableau noir se voit remplacer par le tableau interactif virtuel. L’étape suivante consiste à permettre aux élèves de se connecter à l’écran interactif avec leurs périphériques mobiles personnels. Il faut ouvrir la salle de classe au BYOD (Bring Your Own Device). Pourquoi ne pas donner la possibilité aux élèves d’utiliser leur smartphone en classe ? Il est tout à fait possible de rendre l’utilisation du smartphone pertinente et en rapport avec le contenu du cours. Ici, le rôle de l’enseignant consiste revient à encadrer les échanges et à établir au préalable le contenu numérique qui sera partagé avec les élèves (vidéos, photos, e-book, manuel numérique, textes, carte conceptuelle, feuille de calcul…). Le BYOD permet ainsi à chaque élève d’apporter sa contribution dans un travail d’équipe et tend à augmenter la motivation des élèves et leur intérêt pour le cours.

Par exemple, la configuration de la salle de classe du lycée américain PTECH à Johnstown dans l’état de New-York, a été pensée comme l’espace collaboratif d’une start-up. Elle est composée de quatre à cinq sous-espaces qui sont tous équipés d’un grand écran, positionné devant une grande table autour de laquelle les élèves prennent place et collaborent par petits groupes sur des projets. Ils peuvent tous relier leurs périphériques (ordinateurs, tablettes, smartphones) à l’écran grâce au système de présentation sans fil. Les enseignants circulent de table en table et peuvent travailler soit avec le groupe ou de manière individuelle avec chaque élève. Les élèves sont les acteurs de leur projet et réfléchissent en interagissant ensemble à la façon de le mener.

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  • Intelligence artificielle et robots cohabiteront demain

Le futurologue Thomas Frey en est convaincu l’avenir de l’éducation dépend de l’intelligence artificielle et des robots. Très probablement car l’intelligence artificielle a la faculté d’adapter chaque cours à chaque élève. Contrairement à l’enseignement que nous connaissons où les élèves d’une classe apprennent au même rythme, l’intelligence artificielle leur permet d’assimiler les connaissances plus rapidement. Elle favorise une méthode d’enseignement « un pour un », considérée par les chercheurs, comme la plus efficace pour améliorer la performance scolaire des enfants.

Des robots assisteront demain l’enseignant dans la salle de classe. Aide ludique à l’apprentissage, initiation des élèves à la programmation, téléprésence… des premiers essais voient le jour en France. Buddy a fait son entrée en petite section de maternelle pour reconnaître les émotions ou encore aider les élèves à mémoriser. A Albi, Darwin motive les élèves de BTS système numérique dans leur apprentissage de la programmation. Darwin et Buddy n’ont certainement pas fini de nous étonner.

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  • Une réalité terrain à enrayer

1 milliard d’euros : c’est le coût sur trois ans du « plan numérique », lancé par François Hollande en 2015. Une partie de cette somme est consacrée à l’achat d’équipements individuels mobiles (tablettes essentiellement). Bien que des moyens financiers aient été débloqués, la réalité terrain va elle à contre sens.

Dans certaines classes, il manque de prises électriques. L’équipement mis à disposition des enseignants est bien souvent insuffisant ou dépassé. Les élèves et les enseignants se retrouvent confronter à des difficultés techniques et pannes matérielles qui les dépassent. S’ajoute à cela le manque de maîtrise des nouvelles technologies par certains enseignants, d’où la nécessité pour les plus novices de leur dégager du temps afin qu’ils puissent se former correctement.

Pour l’heure, le passage à la classe numérique sous-tend donc une mise à niveau technique et des compétences dans tous les établissements. Sous l’impulsion de l’éducation nationale, de start-ups et d’enseignants précurseurs, le numérique fait une entrée en douceur dans la salle de classe. Qu’en sera-t-il demain ? Rendez-vous en 2030 pour savoir si l’éducation aura réussi à relever le défi du numérique.